Publié le 18 mai 2024

En résumé :

  • La préparation d’urgence au Québec n’est pas une simple liste d’achats, mais une stratégie de survie basée sur les leçons du passé.
  • L’eau doit être stockée et purifiable, la chaleur ne doit jamais venir d’une génératrice à l’intérieur, et un plan de ralliement multi-niveaux est non-négociable.
  • L’autonomie informationnelle (radio à manivelle) est plus fiable que les réseaux sociaux en cas de panne majeure.
  • Connaître les seuils critiques pour évacuer lors d’une inondation ou protéger sa plomberie du gel peut vous sauver la vie et des milliers de dollars.

Pour de nombreux Québécois, la crise du verglas de 1998 n’est pas qu’un souvenir historique ; c’est une cicatrice. C’est le souvenir du froid mordant, du silence angoissant d’une ville sans électricité et de l’incertitude. Depuis, le concept de la « trousse 72 heures » est entré dans notre vocabulaire collectif. On pense savoir ce qu’il faut : de l’eau, des conserves, des piles. On coche les cases d’une liste, on se sent prêt.

Pourtant, les pannes récentes et les inondations printanières nous rappellent brutalement une autre vérité. Le défi n’est pas d’accumuler des objets, mais de maîtriser une véritable logique de survie. Les erreurs les plus tragiques ne viennent pas d’un manque de matériel, mais d’une mauvaise décision prise sous pression : une génératrice branchée dans le garage, une confiance aveugle en son téléphone portable, une hésitation fatale avant d’évacuer.

Cet article propose de dépasser la simple checklist. En s’appuyant sur les retours d’expérience concrets des grandes pannes québécoises, nous n’allons pas seulement voir *quoi* avoir, mais surtout *pourquoi* c’est essentiel et *comment* l’utiliser correctement quand chaque minute compte. Car la véritable préparation ne se trouve pas dans une boîte en plastique au sous-sol, mais dans la connaissance des seuils critiques et des gestes qui sauvent. C’est la différence entre subir une crise et la traverser.

Pour vous guider, nous aborderons les points névralgiques de la préparation, des besoins vitaux comme l’eau et la chaleur, aux stratégies de communication et d’évacuation, en tirant à chaque fois les leçons concrètes de notre histoire collective.

Combien de litres d’eau garder par personne pour tenir 3 jours sans aqueduc ?

La règle de base est connue, mais souvent sous-estimée dans sa mise en application. En situation d’urgence, la priorité absolue est l’eau potable. Une panne de courant prolongée signifie l’arrêt des stations de pompage et de traitement de l’eau. L’eau du robinet peut devenir non potable, voire complètement indisponible. Les recommandations officielles sont claires : il faut prévoir un minimum de quatre litres d’eau par personne et par jour. Sur une base de 72 heures, une famille de quatre personnes a donc besoin de 48 litres d’eau. N’oubliez pas d’ajouter deux litres par jour et par animal de compagnie.

Cependant, la leçon du verglas n’est pas tant la quantité que la stratégie de stockage et de purification. Stocker des dizaines de litres peut être complexe. La solution la plus simple reste l’eau embouteillée, en favorisant les contenants de 2L, plus faciles à manipuler que les gros bidons. Pensez à faire une rotation de ce stock tous les six mois. Mais que faire si votre stock s’épuise ou est compromis ? Il est crucial de disposer d’un plan B. Chaque trousse devrait contenir au moins une méthode de purification d’urgence.

Le tableau suivant compare les options les plus courantes et accessibles au Québec pour rendre de l’eau potentiellement contaminée (comme l’eau de pluie ou de rivière) propre à la consommation.

Comparaison des méthodes de purification d’urgence
Méthode Efficacité Temps requis Disponibilité au Québec
Ébullition 99.9% bactéries et virus 1 min à ébullition Partout (besoin de chaleur)
Pastilles de chlore/iode 95-99% micro-organismes 30 min à 4h SAIL, La Cordée, Canadian Tire
Filtre portatif (LifeStraw/Sawyer) 99.9% bactéries, 0% virus Immédiat MEC, SAIL, Amazon

La méthode la plus sûre et la moins chère reste de faire bouillir l’eau pendant au moins une minute. Cela nécessite une source de chaleur, comme un BBQ au propane ou un réchaud de camping (à utiliser à l’extérieur uniquement). Les pastilles sont une excellente solution de secours, compacte et légère. Le filtre portatif, quant à lui, est idéal pour une utilisation immédiate mais peut être inefficace contre les virus. La meilleure stratégie est la redondance : avoir de l’eau stockée ET un moyen de la purifier.

L’erreur de brancher la génératrice dans la maison qui tue des familles chaque année

Chaque vague de froid accompagnée d’une panne de courant amène son lot de tragédies évitables. L’instinct de survie nous pousse à chercher de la chaleur, et la génératrice apparaît comme la solution miracle. C’est une fausse amie si elle est mal utilisée. L’erreur fatale, répétée chaque année, est de l’installer à l’intérieur : dans la maison, le sous-sol, ou même un garage attaché. Le monoxyde de carbone (CO) qu’elle dégage est un tueur invisible : inodore, incolore et mortel en quelques minutes dans un espace clos.

L’histoire récente du Québec est marquée par ces drames. Ils ne sont pas anecdotiques, ils sont une tendance alarmante lors de chaque événement climatique majeur.

Étude de cas : Les intoxications massives du verglas d’avril 2023

Lors de la tempête de verglas d’avril 2023, la quête de chaleur a eu des conséquences dramatiques. À Saint-Joseph-du-Lac, un homme a perdu la vie après avoir utilisé une génératrice dans son garage fermé. Les secours ont mesuré un taux de CO 20 fois supérieur à la normale. Durant cette même période, 103 résidents de Montréal et Laval ont dû être évalués pour une intoxication au monoxyde de carbone, menant à 82 hospitalisations. Ces chiffres illustrent un problème systémique : la méconnaissance des dangers associés aux sources de chauffage d’appoint.

La seule et unique règle pour une génératrice est de l’installer à l’extérieur, à au moins trois mètres de toute porte, fenêtre ou prise d’air. Le garage, même avec la porte ouverte, n’est pas un endroit sécuritaire. Les vents peuvent y rabattre les gaz d’échappement. Pour vous protéger, l’installation d’un détecteur de monoxyde de carbone à piles à chaque étage de la maison est non-négociable. Il est aussi vital que votre détecteur de fumée.

Génératrice installée à l'extérieur d'une maison québécoise en hiver, placée sur une plateforme surélevée loin des fenêtres

Comme le montre l’illustration, une installation sécuritaire implique d’éloigner la machine de la maison et de la protéger des intempéries, idéalement sous un abri ouvert qui ne peut pas emprisonner les gaz. Ne devenez pas une statistique. La chaleur d’une génératrice ne vaut jamais le risque de ne pas se réveiller.

Où retrouver votre famille si le réseau cellulaire est en panne et que la maison est inaccessible ?

Lors de la crise du verglas, l’un des stress les plus intenses pour les familles était l’impossibilité de communiquer. Les parents au travail, les enfants à l’école, chacun isolé sans moyen de savoir si les autres étaient en sécurité. Aujourd’hui, notre dépendance au téléphone cellulaire a décuplé ce risque. En cas de panne électrique massive et prolongée, les antennes cellulaires tombent les unes après les autres. Compter sur un appel ou un texto pour se coordonner est un pari dangereux.

La solution est une méthode ancienne mais infaillible : le plan de ralliement. Il ne s’agit pas juste de se dire « on se retrouve à la maison ». Que se passe-t-il si la maison est au cœur de la zone sinistrée, comme lors d’une inondation ou d’un incendie ? Un plan robuste doit comporter trois niveaux de points de rencontre, discutés et mémorisés par tous les membres de la famille.

  1. Point de ralliement de quartier : Un lieu sûr et reconnaissable à quelques minutes à pied de la maison (ex: le parc au coin de la rue, l’entrée de l’école primaire locale). C’est le premier endroit où se rendre si la maison elle-même est le problème.
  2. Point de ralliement municipal : Un lieu plus éloigné, connu de tous, qui servirait en cas d’évacuation d’un quartier entier. Il s’agit souvent d’un bâtiment public désigné comme centre d’hébergement d’urgence par votre municipalité (aréna, centre communautaire). Vérifiez cette information sur le site de votre ville dès maintenant.
  3. Contact hors province : C’est l’élément le plus souvent oublié et pourtant le plus crucial. Il s’agit d’un parent ou d’un ami vivant dans une autre province (ex: en Ontario ou au Nouveau-Brunswick) qui servira de « central téléphonique ». Comme le souligne Sécurité publique Canada, les appels longue distance ont plus de chances de fonctionner lorsque les réseaux locaux sont saturés. Chaque membre de la famille, où qu’il soit, doit appeler cette personne pour donner de ses nouvelles et savoir où sont les autres.

Cette stratégie de communication à trois niveaux doit être écrite. Préparez une petite carte plastifiée pour le portefeuille de chaque membre de la famille avec les adresses des points de ralliement et le numéro du contact hors province. C’est votre assurance contre le chaos.

Les appels longue distance fonctionnent souvent lorsque les réseaux locaux sont saturés.

– Sécurité publique Canada, Guide de préparation aux urgences 2023

Pourquoi compter sur Facebook pour les infos d’urgence est une mauvaise stratégie ?

En situation de crise, l’information est aussi vitale que l’eau ou la chaleur. Notre réflexe moderne est de nous tourner vers les réseaux sociaux. C’est une grave erreur. Les algorithmes de plateformes comme Facebook ne sont pas conçus pour diffuser de l’information vérifiée en temps réel, mais pour maximiser l’engagement. En situation d’urgence, cela amplifie la panique, les rumeurs et la désinformation. Une fausse nouvelle sur une rupture de barrage ou une contamination de l’eau peut avoir des conséquences dévastatrices.

Cette leçon, nous l’avons apprise durement bien avant l’ère numérique. La crise du verglas de 1998 a été un tournant dans la gestion de l’information d’urgence au Québec. Face à la multiplication des rumeurs, le gouvernement a dû mettre en place un point de presse quotidien, devenu célèbre, avec le premier ministre Lucien Bouchard et le PDG d’Hydro-Québec, André Caillé. Leur présence rassurante et les faits qu’ils présentaient ont été l’arme la plus efficace contre la panique. Cette expérience a directement mené à la création d’Urgence Québec, la source d’information officielle unique pour toutes les situations d’urgence.

Votre stratégie doit donc viser l’autonomie informationnelle. Cela signifie vous doter de moyens fiables pour accéder aux sources officielles, même sans électricité ni Internet. La pièce maîtresse de cette stratégie est une simple radio à piles ou à manivelle.

Radio à manivelle posée sur une table de cuisine québécoise pendant une panne de courant, éclairée à la bougie

Cette radio vous connecte directement au diffuseur public, Radio-Canada, qui a le mandat de relayer les consignes des autorités sur l’ensemble du territoire. C’est votre ligne de vie informationnelle lorsque tout le reste est en panne.

Votre plan d’action pour une information fiable

  1. Pré-syntonisez ICI Radio-Canada Première sur une radio à piles ou à manivelle (ex: Montréal 95.1 FM, Québec 106.3 FM, Sherbrooke 101.1 FM).
  2. Mettez en favori le site web urgencequebec.gouv.qc.ca sur votre téléphone et votre ordinateur.
  3. Suivez le compte officiel @Securite_QC (anciennement @SecuritePubliqueQC) sur la plateforme X (Twitter) pour des mises à jour rapides si le réseau fonctionne.
  4. Téléchargez l’application Alerte Québec sur votre téléphone pour recevoir les alertes d’urgence gouvernementales.
  5. Notez dans votre trousse le numéro d’Info-Santé (811) pour toute question de santé non-urgente qui ne nécessite pas un appel au 911.

Inondation printanière : à quel moment précis devez-vous abandonner votre maison aux eaux ?

Pour un chef de famille, l’idée d’abandonner sa maison, le fruit de tant d’efforts, est déchirante. C’est cet attachement qui pousse chaque année des résidents à ignorer les ordres d’évacuation lors des inondations printanières, se mettant eux-mêmes et les premiers répondants en danger. La leçon la plus dure à apprendre est qu’une maison se reconstruit, une vie non. Il est donc crucial de connaître les seuils critiques, les signaux de non-retour qui vous indiquent qu’il est temps de partir, que l’ordre officiel ait été donné ou non.

La sécurité civile du Québec identifie trois signaux d’alarme majeurs qui doivent déclencher une évacuation immédiate. Les ignorer, c’est jouer à la roulette russe avec la sécurité de votre famille.

  • Signal 1: L’eau atteint le niveau des prises électriques. C’est le point de non-retour absolu. Le risque d’électrocution devient mortel et le risque d’incendie par court-circuit est imminent. Avant même ce stade, si l’eau commence à envahir le rez-de-chaussée, l’action immédiate est de couper l’alimentation électrique au disjoncteur principal.
  • Signal 2: Les voies d’accès sont menacées. Surveillez les routes et les chemins qui vous permettent de quitter votre domicile. Dès qu’ils commencent à être submergés, votre fenêtre pour évacuer en toute sécurité se referme rapidement. Attendre, c’est risquer d’être complètement isolé et de nécessiter un sauvetage périlleux.
  • Signal 3: Bruits de structure inhabituels. La pression de l’eau et des glaces peut compromettre l’intégrité de votre maison. Si vous entendez des craquements, des gémissements ou tout autre bruit inhabituel provenant des murs ou des fondations, la structure pourrait être sur le point de céder. Partez immédiatement.

Lorsque ces signaux apparaissent, ou si un ordre d’évacuation est émis par les autorités, l’hésitation n’est plus une option. L’avis des autorités n’est pas une suggestion, mais une directive basée sur des données que vous n’avez pas.

L’ordre d’évacuation a force de loi et refuser d’obtempérer peut non seulement mettre sa vie en danger, mais aussi celle des premiers répondants.

– Ministère de la Sécurité publique du Québec, Guide d’évacuation en cas d’inondation 2024

Préparer un « sac d’évacuation » (une version allégée de votre trousse 72h) avec vos papiers importants, médicaments et quelques vêtements est une étape essentielle. Le garder près de la porte d’entrée au printemps peut faire toute la différence.

Quand l’eau gèle-t-elle après une panne de courant : le compte à rebours critique

En plein cœur de l’hiver québécois, une panne de courant déclenche un compte à rebours silencieux mais destructeur : celui du gel de votre plomberie. Un tuyau qui éclate à cause du gel peut causer des milliers, voire des dizaines de milliers de dollars de dommages. La question n’est pas *si* les tuyaux vont geler, mais *quand*. Et la réponse dépend drastiquement de la qualité de l’isolation de votre maison.

Le retour d’expérience de la crise du verglas, compilé par Hydro-Québec, est éclairant. Pour une maison plus ancienne ou mal isolée, le seuil critique peut être atteint rapidement. Il faut compter entre 3 et 6 heures seulement avant que les tuyaux les plus exposés (près des murs extérieurs, dans les vides sanitaires) ne commencent à geler. Pour une construction récente respectant des normes élevées comme Novoclimat, ce délai peut s’étendre jusqu’à 36 heures, vous laissant plus de temps pour réagir. Mais dans tous les cas, si la panne s’annonce longue et que la température extérieure est bien en dessous de zéro, vous devez agir préventivement.

L’action préventive ultime est la vidange complète du système de plomberie. C’est une procédure que chaque propriétaire devrait connaître. Elle peut sembler intimidante, mais elle est relativement simple et peut vous sauver d’un désastre financier.

  1. Coupez l’alimentation principale : Localisez et fermez la valve d’entrée d’eau principale de la maison. Elle se trouve généralement au sous-sol, près du compteur d’eau.
  2. Ouvrez tous les robinets : Commencez par l’étage le plus élevé de la maison et descendez, en ouvrant tous les robinets (chaud et froid). Cela permet à l’air d’entrer et à l’eau de s’écouler par gravité.
  3. Videz les chasses d’eau : Tirez la chasse d’eau de toutes les toilettes pour vider les réservoirs.
  4. Vidangez les appareils : N’oubliez pas de débrancher et de vidanger les tuyaux d’alimentation de la laveuse et du lave-vaisselle.
  5. Protégez les renvois : Une fois le système vidé, versez un peu d’antigel de plomberie (non toxique) dans toutes les cuvettes de toilette et les renvois (éviers, douches) pour empêcher l’eau restante dans les siphons de geler et de les faire éclater.

Cette procédure garantit que votre plomberie survivra à un gel profond sans dommage. C’est un savoir-faire essentiel pour tout propriétaire au Québec.

À retenir

  • La préparation aux urgences est moins une question de matériel que de stratégie et de connaissance des seuils critiques.
  • Les erreurs les plus graves (intoxication au CO, mauvaise information, évacuation tardive) sont évitables par l’éducation et la planification.
  • L’autonomie est la clé : autonomie en eau, en chaleur sécuritaire, en information et en communication.

Couverture, bougies, nourriture : les 5 objets qui vous gardent en vie par -30°C

Lorsque la température chute à -30°C et que le chauffage s’arrête, la maison se transforme en un piège de glace. L’hypothermie devient une menace réelle, même à l’intérieur. Durant la crise du verglas, jusqu’à 1,4 million de foyers québécois se sont retrouvés sans électricité. Ceux qui ont pu rester chez eux en sécurité n’ont pas survécu grâce à des gadgets high-tech, mais en appliquant des principes de base de thermorégulation et de conservation de l’énergie.

La stratégie n’est pas de chauffer toute la maison, ce qui est impossible, mais de créer un microclimat de survie. Choisissez une seule pièce de la maison (idéalement petite, sans grandes fenêtres et bien isolée) où toute la famille se regroupera. Bouchez le bas de la porte avec des serviettes pour bloquer les courants d’air. C’est dans ce « refuge » que votre équipement prendra tout son sens. L’objectif est double : réduire la perte de chaleur corporelle et générer une chaleur métabolique.

Voici les 5 éléments essentiels qui forment le cœur de votre stratégie de survie par grand froid :

  • Couches de chaleur : Oubliez la simple couverture. Pensez en termes de système. Des sacs de couchage conçus pour l’hiver (-20°C ou moins) sont l’idéal. À défaut, un minimum de trois couvertures de laine par personne est nécessaire. La laine isole même lorsqu’elle est humide. Les vêtements sont votre première ligne de défense : superposez les couches (sous-vêtement thermique, polaire, manteau).
  • Aliments haute densité calorique : Votre corps est une fournaise. Pour qu’il produise de la chaleur, il a besoin de carburant. Les aliments riches en gras et en sucres lents sont vos meilleurs alliés. Pensez aux noix (plus de 600 calories pour 100g), au beurre d’arachide, au chocolat noir, aux barres énergétiques et aux fruits séchés. Manger génère de la chaleur métabolique.
  • Source de chaleur d’appoint SÉCURITAIRE : C’est le point le plus délicat. Les seules options envisageables à l’intérieur sont les chaufferettes catalytiques certifiées pour un usage intérieur (comme la populaire « Mr. Heater Buddy »). Elles sont conçues pour s’éteindre si le niveau d’oxygène baisse. Cependant, même avec ces appareils, un détecteur de monoxyde de carbone fonctionnel est obligatoire.
  • Hydratation chaude : Boire des liquides chauds aide à maintenir la température corporelle. Un réchaud de camping (utilisé près d’une fenêtre entrouverte pour la ventilation) pour préparer des soupes, des bouillons ou des tisanes est un atout majeur.
  • L’information pour l’espoir : La radio à manivelle, déjà mentionnée, joue ici un rôle psychologique crucial. Savoir que des centres de réchauffement sont ouverts, connaître l’état du réseau et entendre une voix humaine brise l’isolement et aide à garder le moral, un facteur essentiel à la survie.
Famille québécoise en vêtements d'hiver multicouches regroupée dans le salon autour d'un réchaud sécuritaire

La survie par grand froid est une science des textures et des couches. Il s’agit de s’envelopper de laine, de boire chaud et de fournir à son corps le carburant nécessaire pour continuer à produire de la chaleur. Ce sont ces gestes simples qui ont permis à des milliers de Québécois de tenir bon.

L’erreur de ne pas savoir où vous êtes quand vous appelez le 911 sur une route secondaire

Le scénario est classique et terrifiant : une sortie de route en plein hiver sur un rang de campagne isolé. Le réseau cellulaire est faible, mais vous parvenez à joindre le 911. La question du répartiteur est simple : « Où êtes-vous ? ». Et là, c’est le vide. Pas de nom de rue, pas de numéro civique, juste des arbres et de la neige à perte de vue. Chaque minute passée à essayer de vous localiser est une minute où votre situation peut s’aggraver.

En situation d’urgence, et particulièrement en région éloignée, la capacité à communiquer sa position exacte est aussi importante que l’appel lui-même. Ne présumez jamais que les services d’urgence peuvent vous géolocaliser comme par magie. La technologie a ses limites, surtout avec un signal faible. Vous devez être proactif et utiliser les outils à votre disposition.

Voici des méthodes concrètes pour ne jamais être pris au dépourvu :

  • Repérez les bornes kilométriques : Sur les routes et autoroutes du Québec, des petites pancartes vertes indiquent le kilométrage. Prenez l’habitude de les noter mentalement lorsque vous conduisez en région. Donner le numéro de la route et la dernière borne kilométrique passée est une information en or pour les secours.
  • Utilisez un GPS hors-ligne : Des applications comme Maps.me ou OsmAnd permettent de télécharger les cartes du Québec sur votre téléphone. Elles fonctionnent sans réseau cellulaire et peuvent vous donner vos coordonnées GPS (latitude et longitude) avec une grande précision.
  • Activez la localisation d’urgence : Sur les téléphones intelligents, une fonction de « Localisation d’urgence » (ELS sur Android, Appels d’urgence et SOS sur iPhone) peut être activée. Lorsqu’elle est en fonction, le téléphone envoie automatiquement votre position aux services d’urgence lorsque vous appelez le 911. Vérifiez que cette option est bien activée dans vos réglages.
  • Partagez votre trajet : Avant de prendre la route pour un long trajet en région, utilisez une fonction comme le partage de trajet de Google Maps avec un proche. Si vous n’arrivez pas à destination à l’heure prévue, cette personne aura votre dernier emplacement connu et votre itinéraire.

Cette dernière pratique, souvent négligée, peut faire toute la différence, comme en témoigne l’expérience de nombreux Québécois habitués aux vastes distances.

Un résident de l’Abitibi témoigne : ‘Lors du verglas de 2023, j’ai dû abandonner ma voiture sur la route 117. Heureusement, j’avais laissé mon itinéraire précis à ma conjointe avec l’heure prévue d’arrivée. Quand je ne suis pas arrivé, elle a pu diriger les secours exactement où j’étais. Cette pratique, héritée de mon père routier, m’a probablement sauvé la vie ce jour-là.’

– Résident de l’Abitibi, La Presse

En résumé, votre sécurité sur la route ne dépend pas que de vos pneus d’hiver. Elle dépend aussi de votre capacité à dire « Je suis ici » avec précision.

Se préparer aux urgences, ce n’est donc pas céder à la peur, mais plutôt faire acte de prévoyance et de résilience. Chaque élément de votre trousse, chaque plan que vous élaborez, est une brique dans le mur qui protégera votre famille du chaos. En vous basant sur les leçons concrètes de notre histoire collective, vous transformez une simple liste d’objets en une stratégie de survie intelligente et adaptée à la réalité québécoise. C’est le plus grand gage de sécurité que vous puissiez offrir à vos proches.

Rédigé par Valérie St-Pierre, Criminologue et consultante en sécurité personnelle et urbaine. Elle est spécialisée dans l'analyse comportementale, la prévention du crime par l'aménagement du milieu (PCAM) et la gestion de crise pour les particuliers.